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« Charles Zemmour - Eric Maurras » et ... Laurent Joffrin. Y a pas photo !

Entre Maurras et Joffrin, la différence est entre un maître de la pensée et un comique-troupier 
Par Laurent Joffrin
Libération, 1

blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLibération étant plutôt en perdition - à vendre au premier milliardaire de passage - on est plus habitué à voir Laurent Joffrin sur les plateaux de télévision qu'à le lire dans son journal. Il y donne toujours l'impression de se payer la tête de son voisin, prend l'air supérieur, goguenard, dispensateur de leçons, définisseur du Bien et du Mal, distribue les bons et les mauvais points avec une autorité détachée des choses mineures et parle la langue de bois universelle des bobos friqués de la gauche fraternelle.  

Nous ne commenterons pas cet article, archétype de polémique langagière et de mauvaise foi. Il faut le lire pour se faire une idée de la chose. Le lecteur appréciera, rectifiera ! Lafautearousseau

 

logo-LIBERATION.jpgCharles Zemmour et Eric Maurras

Le livre du polémiste favori de l’extrême droite se présente comme une contre-histoire. Il ressuscite en fait un récit nationaliste et autoritaire, remplaçant la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. 

652850-france-media-nouvel-observateur-jofrin.jpgCette fois la pensée de droite a franchi la ligne rouge. On le pressentait depuis que l’obsession de l’identité - que certains, hélas, encouragent à l’extrême gauche - a conduit au procès oblique de « l’idéologie des droits humains ». Avec Zemmour c’est chose faite. Son Destin Français, dernier opus du publiciste favori de l’extrême-droite, ne livre qu’un seul message : les libertés publiques sont désormais un obstacle au salut de la nation. Une phrase résume le livre (p. 191) : « Ignorant les leçons du passé et oubliant les vertus de son histoire, la France saborde son État au nom des droits de l’homme et l’unité de son peuple au nom de l’universalisme. » La liberté : voilà l’ennemie.

Après une introduction personnelle, plutôt bien troussée, Zemmour livre un essai chronologique, de Clovis à nos jours. Le livre se présente comme une contre-histoire qui dégonfle les mythes officiels - ce qui se conçoit. Il déterre en fait l’histoire monarchiste nationaliste telle qu’elle fut diffusée par Maurras, Bainville et quelques autres entre les deux guerres. Une histoire cursive, soigneusement écrite, mais une histoire à œillères, outrageusement partisane.

Pour Zemmour, l’histoire de France commence avec Clovis. Choix significatif. Bien sûr, le roi franc a étendu par la guerre son petit fief de Belgique à un territoire qui évoque l’actuel hexagone, il a choisi Paris pour capitale et, surtout, il s’est converti au christianisme. Pour le reste, le choix est arbitraire : Clovis n’a rien de français (il s’appelle Chlodowig et parle une langue à consonance germanique) et n’a aucunement l’idée d’un pays qui pourrait s’appeler la France. A sa mort, son royaume se désunit et il faut attendre deux siècles pour que Charles Martel reconstitue une entité hexagonale, elle-même englobée dans l’empire de Charlemagne - Karl der Grosse pour les Allemands, qui le revendiquent tout autant - puis de nouveau divisée après le traité de Verdun de 843. A vrai dire, les historiens s’accordent pour dater de Bouvines, ou de la guerre de Cent Ans, l’apparition d’un royaume qui annonce la future France, avec un début de sentiment patriotique. Le choix de Clovis n’a qu’une seule origine : la volonté de célébrer « les racines chrétiennes » du pays.

« Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis choisi comme roi de France par la tribu des Francs qui donnèrent leur nom à la France...» 

Charles de Gaulle, 1965

Tout est à l’avenant : on met en scène un peuple catholique par nature patriote, opposé à des élites cosmopolites. Jeanne d’Arc mobilise le camp armagnac, plus conservateur, contre les Bourguignons alliés aux Anglais, pourtant tout aussi « français » que leurs adversaires. Louis XIII et Richelieu ont cent fois raison de réprimer les protestants, accusés de séparatisme ; Catherine de Médicis tente la réconciliation pendant les guerres de religion, mais bascule du côté des catholiques avec la Saint-Barthélémy que Zemmour justifie à mots couverts pour approuver ensuite l’instauration de l’absolutisme - éloge ému de Bossuet -, régime régressif qui a pour seul mérite d’unifier la future nation. Louis XIV, autre héros zemmourien, expulse les protestants, œuvre pie. Il a pourtant ruiné son peuple et mené des guerres incessantes et vaines. Pas un mot sur le Code noir et l’essor de l’esclavage organisé par Colbert au nom du Roi-Soleil.

Louis XIV, des guerres incessantes et vaines ?

Relire Louis Bertrand ! Et tous les historiens honnêtes … Le Roussillon, l’Artois, la Franche-Comté, l’Alsace … et surtout un prince français sur le trône d’Espagne. Louis XIV a reconnu avoir trop aimé la guerre mais les guerres qu'il a menées n'ont pas été « vaines » ...

Les Lumières inoculent à la vieille France l’illusion universaliste qui corrompt l’identité française. Le chapitre sur Voltaire (qui avait certes des défauts) n’est qu’une démolition systématique ressuscitant le vieux réquisitoire réactionnaire contre le philosophe et son « hideux sourire ». Robespierre bénéficie d’un éloge paradoxal pour avoir incarné une République impérieuse et nationale. Sans craindre la contradiction, Zemmour porte aux nues l’insurrection vendéenne (classique de la littérature monarchiste) alors qu’elle fut massacrée sans retenue sous l’égide du même Robespierre. Bonaparte est célébré pour avoir mis fin à la Révolution et étendu sur l’Europe une tyrannie dont Zemmour passe sous silence les tares les plus évidentes. Les Anglais puis les Américains sont fustigés comme agents de la mondialisation sans âme. Le Front populaire disparaît, comme sont effacées du récit les conquêtes du mouvement ouvrier. Pétain est réévalué (réhabilité ?) parce qu’il a opposé aux Allemands son « bouclier » complémentaire du « glaive » de la France libre, vieille thèse maréchaliste qui revient à jeter aux orties le travail des historiens contemporains. La théorie du « bouclier » s’effondre d’elle-même quand on remarque que Pétain a poursuivi la collaboration jusqu’au bout pour finir à Sigmaringen après avoir prêté la main à la déportation des Juifs. Drôle de bouclier…

Pétain a été emmené de force par les Allemands à Sigmaringen. Il y était prisonnier ...

Bref, Zemmour ressuscite la vieille histoire maurrassienne, autoritaire, traditionaliste et antisémite, se contentant de remplacer la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. Le livre s’appelle Destin français. Il y avait un meilleur titre : « Action française ».   

Destin français, Eric Zemmour  Albin Michel, 576 pp., 24,50 €

Commentaires

  • Joffrin, dégoulinent de haine anti française !
    Joffrin qui voue une haine infinie à la France millénaire, à tout patriote et à tout catholique

  • Mais pourquoi , L.Joffrin , fait il penser , dés qu'on le voit , à l'épicier du roman de Jean Dutour " Au bon beurre " ? Mieux que Roger Hanin , il eut été parfait pour le rôle dans le film qui s'en inspira en moins bien que le roman , comme c'est si fréquent .

  • Le mieux est encore de ne faire aucun commentaire sur cet insignifiant journaleux de la Pravda du politiquement correct qu'est Libération. Ces gens-là n'ont pas d'idées, juste des réflexes conditionnés idéologiques aussi prévisibles que la salivation des chiens de Pavlov à l'audition de la clochette.

  • https://www.youtube.com/watch?v=aLEjdpGA0cM
    Cette réjouissante vidéo n'a pas de lien direct avec les propos de Zemmour, encore que ...

  • Cet homme me fait irrésistiblement penser à Konstantin Tchernenko, l'éphémère secrétaire général du comité central du parti communiste de l'Union soviétique. (13..02..1984 au 10.03.1985). Une bouille assez proche moins la barbe pour Tchernenko, même langue de bois, et tous deux aussi charismatique qu'une plaque de béton du mur de l'Atlantique.Si l'un a réussi au poste suprême grâce à sa grisaille et à une souplesse d'échine remarquable; l'autre est du genre anguille se glissant au travers des banquises capitalistes tout en marmonnant l'idiome à la mode du moment et actuellement celui des bobos. Gauchisant certes mais avec des limites que son portefeuille ne saurait outrepasser .Certes, à la fois Tartuffe et Homais, le personnage pontifie dans les basses-cours journaleuses où ses oracles font merveille parmi les stagiaires tout en suscitant les sarcasmes des vieux renards de la profession. Malgré une médiocrité avérée depuis des lustres et des pronostics invariablement faux, il semble inoxydable.

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